Eliminer la rouille des tôles : Un des soucis de tout amateur d'anciennes.
Avec quel produit ? Par quel procédé ?
La rouille est le résultat de la corrosion du fer en milieu aqueux : eau, air humide. La corrosion sera favorisée par la présence de sels ou d'acides. Néanmoins, il existe un acide qui, en phase aqueuse, ne produit pas de rouille et au contraire, la détruit :
Il s'agit de l'acide phosphorique. Pur, c'est un cristal déliquescent qui a tendance à se saturer d'eau : il devient pâteux puis liquide visqueux. Disponible sous forme liquide chez les fournisseurs de produits chimiques et dans certaines bonnes drogueries (il en reste encore, parait-il). Disponible aussi sous l'appellation de "destructeur de rouille". On en trouve aussi chez Leroy-Merlin et Auchan en petit flacon, dilué à 63 %, sous l'appellation de "dérouilleur".
L'acide phosphorique H3-P-O4 est constitué de l'association de l'ion phosphate P-O4 avec l'hydrogène H. Il réagit avec la rouille, qui est un oxyde ferrique de formule Fe2-O3 (2 atomes de fer trivalent associés à trois atomes d'oxygène bivalent). Il y a d'autres formes d'oxyde de fer mais c'est la rouille qui nous occupe ici.
La réaction s'écrit : 2*(H3-P-O4) + Fe2-O3 ==> 2*Fe-P-O4 + 3*H2-O = Phosphate de fer + eau.
Le phosphate de fer, comme d'autres phosphates, constitue une couche protectrice qui empêche l'attaque du métal par l'oxygène en atmosphère humide ou dans l'eau. On dit qu'il s'agit d'une réaction de passivation.
Cette réaction est optimale à chaud, à une température comprise entre 50 et 90 degrés Celsius. A froid, la réaction est plus lente et moins profonde. Elle doit s'effectuer en phase aqueuse, c'est à dire que l'acide phosphorique pur doit être additionné d'eau.
Il n'y a donc qu'avantage à utiliser un acide dilué à concentration de 60 à 75 % d'acide pur. On pourra chauffer les pièces rouillées à l'aide d'un décapeur (sèche-cheveux), avant et pendant l'application de l'acide. On pourra avantageusement brosser la pièce en fonction de la profondeur de la couche de rouille et ajouter de l'acide si besoin est. Le traitement est complet lorsque la surface est de couleur grise. La couleur noire indique la présence d'oxyde ferreux qui se dismute ensuite en métal et autres formes d'oxyde qu'il faudra retraiter. Toutefois, les couleurs dépendent de la formulation de l'alliage de fer constituant la pièce traitée.
Les alliages fortement carbonés comme les fontes des collecteurs d'échappement se traitent très bien à l'acide phosphorique.
En fin de traitement, un nettoyage et un séchage seront les bienvenus.
L'acide phosphorique a une action passivante sur d'autres métaux, notamment l'aluminium et le cuivre.
L'acide phosphorique constitue le principe actif de certains produits antirouille comme le RUSTOL. Un tel produit pourra compléter le traitement car, n'agissant qu'en surface, il dépose une couche de vernis permettant l'application de peinture ou "anti-gravillonnage".
La vertu décapante bien connue de la boisson "Coca-Cola" est due à la présence d'acide phosphorique (E338) en tant que régulateur de pH (d'acidité). L'excès de consommation de boissons contenant de l'acide phosphorique peut être cause d'insuffisance rénale.
Il existe d'autres procédés de passivation des tôles d'acier, chimiques et électrochimiques. Ces procédés sont industriels et échappent à la compétence de l'amateur, même averti. L'usage de l'acide phosphorique est avantageusement à sa portée.
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104 Style Z 06/03/1987 Gris Fumée métallisé M0TR 132 000 km.
LNA RBRF 14/10/1982 Blanc AC 088 Intérieur Bleu 52 300 km.